La ville de Loué dans la Sarthe n’est sûrement pas la destination de vacances de la majorité d’entre vous. Pourtant, le groupe de la commune, Les poulets de Loué font le buzz en ce mois de juillet. Il faut dire que la dernière campagne de publicité fait grincer des dents … Pas facile pour des poulets !
Poulet : nom masculin désignant le petit d’une poule, un jeune oiseau de l’espèce poule, mâle ou femelle, n’ayant pas encore atteint la maturité sexuelle.
Familier. Terme d’amitié employé en parlant à un enfant, à un jeune garçon, etc.
Familier. Lettre galante ; billet doux.
Populaire. Policier.
Oh mon poulet !
Passé dans le langage populaire et c’est Larousse qui nous le confirme, poulet c’est donc aussi le terme pour désigner le policier, celui qui porte le képi, le représentant de l’ordre. Origine assez multiple, « poulet » car le policier en civil glane les renseignements comme le poulet picore les grains. Médiapart nous apporte une autre explication : l’emploi du terme « poulet » pour désigner un policier vient du fait qu’en 1871, la préfecture de police de Paris a pris place sur l’ancien marché aux volailles. Pour les habitants, les policiers sont donc devenus les nouveaux poulets. Ce que l’histoire ne dit pas, c’est le ressentiment des policiers eux-mêmes face à ce sobriquet. Les publicités de Loué confirment ce que l’on pouvait penser : pas contents !
Ainsi, la campagne d’affichage lancée par la marque de poulet Loué depuis quelques jours et signée « Un bon poulet est un poulet libre » fait polémique. Dans une lettre à la société, Nicolas Comte, secrétaire général du plus grand syndicat des forces de l’ordre, le SGP, explique : «en ces périodes où les policiers sont particulièrement exposés dans l’exercice de leur profession, et décriés par de nombreux contradicteurs, il est inutile de notre point de vue que la Police Nationale soit ridiculisée de la sorte».
Humour & marketing
Alors certes, le contexte n’est pas au beau fixe pour les forces de l’ordre. Mal-aimés, maltraités, menacés, par une population peu reconnaissante, c’est la peur du gendarme, le « tous pourris » qui prend le pas sur la figure protectrice et sécurisante de la fonction de policier. Mais la publicité Loué, basée sur l’humour peut-elle renforcer ce sentiment ? Pour Brice Hortefeux, ces campagnes de publicité « n’ont pas forcément la volonté de blesser » mais « aussi anodines qu’elles soient, elles participent à une forme d’irrespect qui peut conduire à des dérives ».
Les affiches nous montrent surtout un policier plus près du gendarme de Saint-Tropez dans son uniforme, le képi ayant été remplacé par la casquette. C’est cette image des valeurs anciennes, du bon poulet fermier d’autrefois qui est aussi inconsciemment associée à la marque de label rouge. C’est en tous cas ce que souhaite le groupe, à la communication plus ou moins réussie …
Comme d’autres vendent des crèmes en s’appuyant sur l’idée d’une « formule norvégienne » pour un groupe 100% américain, ou sur des connotations scandinaves pour vendre des gâteaux bios. La persuasion non basée sur des arguments quantifiables se base sur des ressenties, des sentiments et l’imaginaire populaire. Et aussi sur l’humour ! Grande thématique de l’année décidément, avec toujours cette question : peut-on rire de tout ?
Face à la pub de Loué, les culturistes, pourtant eux-aussi pris à parti par la même campagne, n’ont pas réagi. Plus de recul ou tout simplement pas l’envie de rentrer dans le jeu marketing. Car après tout, cette campagne de communication du groupe a surtout pour motivation de faire parler d’elle. Et comme disait Vian : «Qu’on en dise du bien ou du mal, quand tout le monde en parle, c’est un succès.»