Deux bouseries hollywoodiennes

Ayant râté de peu la dernière séance des Adieux à la Reine et m’étant endormi devant Aloïs Nobel, très soporifique film d’animation tchèque, voici donc des deux hollywooderies pour ne pas dire bouseries de la semaine.

HUNGER GAMES

Adaptation d’une trilogie littéraire récente à succès, Hunger Games semble être la nouvelle tentative de la Fox de lancer une franchise aussi lucrative que les Twilight, puisqu’il s’adresse à un même public d’adolescents. Mais pas de vampires romantiques dans cette description d’une société futuriste archi-caricaturale, gouvernée par des aristocrates au look improbable (pauvre Stanley Tucci qui arbore une hideuse perruque bleue, pauvre Wes Bentley avec sa barbe ridiculement taillée), vingt-quatre jeunes entre 12 et 18 ans sont envoyés dans une sorte de forêt artificielle pour s’entretuer. Dans ce spectacle de reality-show retransmis en direct, il ne pourra rester qu’un seul survivant. Ou deux, si les règles changent.

Battle royale du pauvre

Atrocement mal filmé (mal de tête assuré à la sortie de projo) et surtout interminable (il faut subir une longue heure d’introduction avant que les jeux démarrent enfin), Hunger Games se voudrait intelligent et haletant, mais il ne fait que reprendre les vieux clichés de la science-fiction futuriste en les vidant de toute substance et de toute subtilité. La charge subversive et la confrontation guerrière ne semblent pas du tout intéresser le réalisateur, qui livre un produit étonnamment aseptisé à partir d’un tel matériau. C’est comme si on avait transformé Battle Royale en gentil film pour ados en le vidant de tout son cynisme et son nihilisme absolu. Même le Running Man avec Schwarzenegger, actionner au pitch assez similaire et très marqué par les années 80, semble moins kitsch que cet affreux Hunger Games qui pousse la laideur à son paroxysme. En se plaçant du point de vue de son héroïne pour en faire une quête initiatique, le film cherche donc à faire de Jennifer Lawrence la nouvelle coqueluche d’Hollywood mais peine laborieusement à traduire les douloureuses épreuves que son personnage subit. On préfère encore les niaiseries réactionnaires de la saga Twilight.

TARGET (THIS MEANS WAR)

Ceux qui auront gardé un bon souvenir des deux Charlie’s Angels, comédies d’action décomplexées qui n’avaient pas d’autre ambition que d’être fun et sexy, auront pu être déçus par la tournure qu’a ensuite pris le clippeur McG avec We Are Marshall et Terminator Renaissance, comme s’il voulait légitimer son statut de réalisateur (mais sans vraiment convaincre). Target semble donc être un retour aux sources à l’essence du pop-corn movie avec les trois ingrédients qui comptent : action, humour et romance. Le pitch semblait aussi stupide que prometteur : deux agents secrets se livrent une guerre sans merci en se rendant compte qu’ils sortent avec la même femme.

Sérénade à trois du pauvre

Malgré son casting glamour, Target ne va pas au bout de son potentiel et se contente d’être gentiment consommable, la faute à un scénario paresseux et quasiment sans idées à l’image d’une résolution finale tout simplement atterrante. Si on ne s’ennuie pas vraiment devant cette sucrerie qui ne se prend pas au sérieux, le talent comique de Reese Witherspoon (géniale dans Comment SavoirElection ou Legally Blonde) méritait beaucoup mieux.  Au final, on a l’impression d’avoir vu une petite sitcom formatée avec un budget démesuré.

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