Incivilités, Responsabilité, Liberté

Insomnie, stress, collègues pénibles, boss tyrannique, vie trop chère… Dans les transports bondés, les gens craquent.
Ligne 4, station odéon, mardi 23 mars, 17h37. Un gars descend d’un wagon en lançant à une petite brune : « Ta gueule, pétasse ! ».
Ligne 2, station Etoile, mercredi 17 mars, 8h56. Un costume-cravate-valisette à petites roues bouscule tout le monde, en marmonnant : « Ras-le-bol de tous ces gens qui foutent rien, qui reviennent de vacances, qui bloquent le passage… Suis pressé, moi ! ». Ligne de bus n°26, du côté de Belleville, jeudi 11 mars,18h03. Des voix qui montent, une tension qui laisse présager la bagarre : le chauffeur arrête le véhicule, descend, s’interpose pour éviter le drame. Scènes urbaines, scènes banales, en constante augmentation. Je rapporte les dernières dont j’ai été témoin. Chacun pourrait compléter la liste. S’y habituer, hausser les épaules ? Non ! Non ! Non ! Et puis quoi encore ? Excuser les agressifs parce qu’ils ont sûrement de bonnes raisons d’être mécontents ? Depuis quand souffrir de la dureté du quotidien donne le droit de se défouler sans scrupules, de se venger en pourrissant la vie des autres ? À celui qui se permet de déverser sa colère sur les co-usagers de la RATP, je n’ai qu’une question à formuler : le monde est moche certes, mais dis-moi, mec, que fais-tu, toi, pour qu’il soit plus beau, ce foutu monde ? À une logique de plainte et de victimisation, il faut opposer une exigence de responsabilité et de liberté. Je m’explique. Nous avons tous des contraintes qui nous pèsent. Des obligations, des devoirs, des problèmes. Mais ce n’est pas pour autant que nous sommes prisonniers de nos situations. Pistes de réflexion : 1/ Salsa, jardinage, cours de chinois, dîner hebdomadaire entre potes. Il existe toujours des espaces de liberté où exprimer notre créativité, où souffler, où rire. À nous de les trouver. 2/ Le monde est injuste ? Très bien, alors rejoignons une association humanitaire, un parti politique, un comité de voisinage. À nous de faire bouger les structures. Tout changement collectif commence par une mobilisation individuelle. 3/ Un job vraiment horrible ? Arrêter de l’accepter et chercher autre chose. Pareil pour un logement. On peut au moins commencer par repeindre ses meubles pour égayer son intérieur. 4/ Des tensions familiales / amoureuses dont on n’arrive pas à se sortir ? Et pourquoi pas oser demander de l’aide, entamer une thérapie ? Parfois, il faut être deux pour se libérer du passé. Relire Sartre : fondamentalement, l’être humain est libre et responsable de ses actes. Nous faisons des choix. Conscients ou inconscients. Actifs ou passifs. À nous d’inverser la tendance si ces choix ne nous conviennent plus. À nous d’avoir le courage d’assumer nos vrais désirs. Ne plus subir, (re)devenir acteurs de sa propre vie, chercher des solutions, mettre en place des projets pour faire revenir le soleil dans son quotidien. La liberté n’existe pas a priori, elle se joue dans la gestion des contraintes, elle se conquiert au jour le jour en construisant une vie qui nous ressemble et qui nous rende heureux.

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