Vous connaissiez déjà John Carter of Earth, le médecin incarné par Noah Wyle dans la série Urgences. Il est maintenant temps de rencontrer John Carter of Mars !
À tous les ignares qui vous clameront un peu vite que John Carter n’est qu’une pâle copie des blockbusters du type Star Wars ou Avatar, voici l’argument qui tue : ça fait tout juste un siècle que John Carter existe. Plus précisément sous la plume d’Edgar Rice Burroughs (le créateur de Tarzan), en 1912, dans le cadre de son cycle de Mars (Une Princesse de Mars étant le premier tome). Pas étonnant donc que John Carter soit l’une des influences principales de la science-fiction du XXème siècle. Le projet de l’adaptation cinématographique était l’une de ces fameuses arlésiennes, il avait même été question dans les années 90 d’une hypothétique version de John McTiernan avec Tom Cruise.
Mars Attacks !
Que vaut donc cette version réalisée par l’un des maîtres de l’écurie Pixar, Andrew Stanton (Finding Nemo, Wall-E), qui effectue ici sa première expérience de film live ? Le résultat est épatant et follement audacieux pour sa témérité à croire en un matériau qui pourrait sembler aussi daté. Tout ici déborde d’une passion communicative pour la culture populaire, la bande-dessinée et la fantasy, et rejoint les meilleurs films de fan-boys. John Carter réussit surtout dans ce mélange des genres si risqué que Jon Favreau n’avait pas maîtrisé dans son Cowboys and Aliens. En restant fidèle à une forme de récit très ancrée dans la tradition du film d’aventures hollywoodien, voire même du péplum mythologique, Andrew Stanton repose sur des archétypes inusables pour mieux retrouver une fraîcheur intemporelle ; forcément essentiel quand on adapte un mythe fondateur.
Back to the roots
Les mondes imaginaires, les créatures extravagantes, le héros intrépide, la princesse rebelle, les méchants aux plans maléfiques, mais surtout le supplément d’âme qui permet de faire exister tout cet univers riche et foisonnant, tout y est. Ce n’est pas l’originalité à tout prix que vise Andrew Stanton mais le plaisir d’un récit épique tout en s’éclatant avec les possibilités graphiques que permettent désormais les effets spéciaux numériques (cela explique aussi pourquoi cette adaptation a mis autant de temps à voir le jour). La direction artistique trouve une cohérence remarquable en empruntant aussi bien à la fluidité de l’animation qu’à l’authenticité de certains effets visuels. En revanche, l’univers dépeint dans John Carter est tellement titanesque qu’il ne parvient pas toujours à exploiter son potentiel. La faute à un manque de rigueur dans l’exploration de certaines thématiques, et un rythme pas toujours soutenu, paradoxalement trop court ou trop long. Mais la douce euphorie et le parfum d’innocence qui se dégagent de cette superproduction hors-norme permettent de tempérer toutes ces faiblesses passagères.
Bad Promo No Buzz
Malheureusement, cette volonté de ne pas succomber aux canons actuels du blockbuster semble avoir désorienté Disney qui ne sait même plus comment vendre son film et qui a bien foiré sa campagne promotionnelle. Le « Of Mars » du titre original a même disparu suite à des analyses marketing qui expliquaient que le public féminin n’était pas attiré par la science-fiction et que les films se déroulant sur la planète Mars sonnaient déjà ringards. Après l’échec relatif du magnifique Cheval de Guerre, le grand spectacle old school ne semble plus avoir la grosse côte chez le grand public et on peut le regretter amèrement. John Carter est bien parti pour être l’un de ces blockbusters maudits qui finira par acquérir avec les années son statut d’œuvre culte.