La ferme des animaux em-PAC-tée !

Plus de 3500 animaux exposés, 1050 exposants en provenance de 25 pays différents, 700 000 visiteurs attendus. Le Salon de l’Agriculture, du 27 février au 7 mars 2010, devient pendant 9 jours la plus grande ferme de France. Et dans les allées, Aïda, la vache Salers, emblème du salon 2010, doit partager la vedette avec les politiques venus en nombre, à ce rassemblement d’un monde agricole touché par la crise économique.

Une absence remarquée

Martine Aubry, Jean-Marie Le Pen, François Fillon … En cette période électorale, et dans une nuée médiatique, les politiques sont tous venus montrer leur reconnaissance du monde agricole. Tous sauf un ! L’absence de Nicolas Sarkozy, en weekend au cap Nègre lors de l’inauguration marque les esprits. Bien que présent pour la clôture du salon, le président n’a plus la côte chez les agriculteurs. En un an, la popularité de Sarkozy est passée de 56% à 47%, selon un sondage IFOP. Un décalage évident avec son prédécesseur, Jacques Chirac, qui depuis 1971, tout comme aujourd’hui, arpente le salon avec un plaisir affiché. L’amour du terroir, « marque de fabrique de la Chiraquie », comme le prouvait Dominique De Villepin, hier, lors d’une visite de plus de 5h00. « Ça, c’est la France ! » s’exclamait-il en caressant l’échine d’un énorme taureau, devant un essaim de journalistes. Une France gagnée par la morosité. La crise économique est passée par là, et touche fortement les agriculteurs qui ont perdu en moyenne 30% de leurs revenus en 2009. En nombre, les producteurs laitiers ont ainsi montré leur colère lundi dernier dans les allées du salon. Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture depuis neuf mois, a su cependant marquer son style, faire oublier quelque peu l’absence du Président dans la presse. A Sophie Poux, l’agricultrice de l’association des producteurs de lait indépendant, remarquée lors de son passage sur TF1 avec le président de la République, il répondait devant les caméras « Nous devons aller vers un système plus stable, avec un filet de sécurité européen ».

L’Europe s’invite au salon

Parler d’Europe. Ça tombait bien, puisque le même jour, le nouveau commissaire européen à l’Agriculture, Dacian Ciolos, était présent aux côtés du ministre français. Ce commissaire roumain dont la candidature était soutenue par Paris, promet de faire tout son possible pour maintenir un budget de 55 milliards d’euros pour la Politique Agricole Commune (PAC). Difficile en effet de parler d’agriculture en France, sans parler de la PAC. Premier bénéficiaire de cette politique commune, avec 10 milliards d’euros de subventions, la France a depuis toujours des intérêts incontestables dans cette politique communautaire. L’agenda 2003-2013, avec l’accord de Luxembourg, a profondément révisé le système d’aides aux agriculteurs. Actuellement, la plus grande partie des aides est versée indépendamment des volumes de production, afin d’éviter la surproduction. Et les aides par exploitation sont subordonnées au respect de normes en matière d’environnement, de sécurité alimentaire, de bien être animal et de vitalité du monde rural. Mais l’après 2013 est déjà dans toutes les têtes. Et cette réforme de la PAC s’annonce compliquée. Deux « camps » s’affrontent, les partisans d’une régulation des marchés (dont la France fait partie, pour continuer ainsi à être un grand bénéficiaire de cette politique) et les Etats plus libéraux (comme la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas), pour qui l’abandon des quotas est nécessaire. La présence du commissaire européen au salon de l’Agriculture apparaît ainsi comme un bon présage. Véritable atout pour la France, Dacian Ciolos est en rupture avec les convictions libérales de la précédente commissaire Mariann Fischer Boel. Il prône de « nouveaux mécanismes » de régulation pour assurer une stabilité des revenus et des prix. Intérêt pour l’économie ou avantage pour la planète ? En attendant 2013, Bruno Le Maire avait annoncé en guise d’introduction : «Le président de la République fera des annonces, avec des perspectives d’avenir tant sur le territoire national qu’en Europe ». Réponse attendue le 6 mars.

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