Depuis la vague de surprise, les élans de compassions et l’ethnocentrisme lié à la menace nucléaire en France, les catastrophes naturelle et nucléaire japonaise sont passées de mode.
Or il semble que la catastrophe soit plus un processus qu’un évènement et que le Japon reste dans une situation d’urgence. Le bilan est très lourd, 14 949 morts et 9 880 disparus, plus de 25 millions de tonnes de débris à gérer et encore plus de 100 000 personnes à reloger.
La politique japonaise face aux besoins énormes
Le gouvernement s’est engagé à livrer 60 000 logements d’urgence d’ici à fin aout, environ 15 000 familles dans le sud du pays accueillent des réfugiés, alliant pouvoir public et solidarité.
Le premier ministre Naoto Kan avait annoncé en mai qu’il renonçait à son salaire mais qu’il ne donnerait pas sa démission avant qu’un budget plus conséquent ne soit voté à l’assemblée. Il est toujours vivement critiqué pour son manque de leadership pendant la crise et les antinucléaires considèrent qu’une alternative énergétique serait impossible sans son départ.
Le premier volet du budget de reconstruction a été voté fin mai et s’élève à 4 000 milliards de yens –environ 36 milliards d’euros, alors que le cout total de la reconstruction est estimé entre 116 à 128 milliards d’euros. Naoto Kan a mi-juin crée deux nouveaux ministères, celui de la gestion de la reconstruction dans le Nord-Est confié l’ancien ministre de l’Environnement et celui de la gestion de la crise nucléaire de Fukushima à l’ancien ministre de l’ Économie. La création de ces deux nouveaux ministères montre à quel point la situation est urgente, mais aussi structurelle.
Et à Fukushima… Le risque reste maximum
Est-ce la fin du nucléaire au Japon ? Pas vraiment non. Le nucléaire c’est 30 % de l’électricité de l’archipel, nain en énergies indigènes. Si le gouvernement japonais ainsi que les dirigeants de Tokyo Electric Power (Tepco) — l’entreprise publique propriétaire de la centrale de Fukushima dont 51 % de la production annuelle d’électricité est nucléaire, ont annoncé des investissements massifs dans les énergies renouvelables, cela ne veut pas dire que le nucléaire disparait.
Au contraire, le numéro 2 de Tepco Yasuo Hamada a annoncé vouloir augmenter la production nucléaire dans les court et moyen termes, afin d’éviter les coupures d’électricité alors que la demande pour la reconstruction va être énorme…
En ce qui concerne le site de Fukushima dans la région de Sendai, Tepco a officiellement établi début 2012 comme date d’arrêt à froid des 4 réacteurs endommagés. D’ici là, il faut absolument trouver une solution à la gestion de l‘eau nécessaire au refroidissement -6 à 10 min 3 s par heure -, toujours amenée par camion-citerne et pompée après utilisation alors qu’elle est hautement radioactive. Grâce à notre héros national, Areva, il semblerait qu’une partie de l’eau soit gérée par un système de refroidissement en cycle fermé afin de pouvoir réinjecter l’eau déjà contaminée, qui se refroidirait tout en restant dans la centrale.
Un autre enjeu est celui de l’évacuation des 2 500 tonnes d’uranium et de plutonium stockés pour alimenter les 4 réacteurs endommagés. Et selon les estimations, cette tache prendra environ… 20 ans ! Les employés du site n’ont pas fini d’être irradiés.