Après une petite semaine à arpenter la Croisette en long en large et en travers, premier petit bilan de cette soixante-troisième édition du Festival de Cannes entre révélations, déceptions et grosses arnaques.
Les révélations
Et l’on va commencer par les révélations. Dès le premier soir, on s’est pris une grosse claque avec le documentaire Benda Bilili !, qui a ouvert la Quinzaine des réalisateurs. Le film de Renaud Barret et Florent de la Tullaye nous narre les aventures du groupe kinois, Staff Benda Bilili, nouveaux chouchous des festivaliers. Composé de musiciens des rues atteints de la polio, mais qui n’en restent pas moins des bêtes de scène, on s’est marré, on a été ému et on a vu un film social et très politique. Très très fort…
Dans un tout autre genre, il semblerait que la mode cette année soit celle des films danois traitant de la guerre en Afghanistan. D’un côté, l’étouffant documentaire Armadillo de Janus Metz, sélectionné à La Semaine de la critique, qui suit un groupe de soldats danois dans la base militaire d’Armadillo. De l’autre, Everything will be fine de Christopher Boe, thriller mélodramatique troublant sur la folie découlant du sentiment de perte et la question de la torture. Par ailleurs, on a été ébloui par Shit Year de Cam Archer à la Quinzaine des réalisateurs qui conte la vacuité de la vie d’une actrice venant de prendre sa retraite. Un très beau film indé en noir et blanc, touchant, poignant, maîtrisé et graphiquement parfait. Un vrai coup de cœur. Enfin, le seul film qui vaille le coup pour l’instant en Sélection officielle, Copie conforme, du réalisateur iranien Abbas Kiarostami. On plonge à corps perdu dans cette réflexion sur la valeur de la copie et sur la déliquescence du couple.
Les déceptions
On attendait beaucoup de Petit Bébé Jesus de Flandres et de son pitch alléchant. Tenez voir, trois marginaux décident pour se faire un peu de thune le soir de Noël d’aller chanter sous les fenêtres. Riches comme Crésus à la fin de la soirée, ils s’enfoncent dans les bois et assistent à la naissance de Jésus. Cette version revisitée à la flandrienne du mythe des rois mages tendance mongole (tous les acteurs sont trisomiques), est en fait un des films les plus chiants et les plus lourds qu’on a vu en ce début de festival. On a d’ailleurs pas mal pioncé, comme la moitié de la salle durant la projection. Rayon déception toujours, le Woody Allen, You will meet a tall dark stranger. Un film anecdotique, comme deux fois sur trois ces derniers temps avec le réalisateur new-yorkais, qui nous propose ici une réflexion des plus inintéressantes sur le paranormal, la valeur de l’art et le processus de création. Vu et revu…
Les arnaques
Il faudra un jour qu’on nous explique ce que la critique a trouvé à Another Year de Mike Lee. Ok, le personnage principal est fouillé ; les acteurs excellents. Mais on s’est bien fait chier devant cette histoire de femme mûre totalement paumée, à la recherche d’un amour qu’elle ne trouvera jamais et qui perd peu à peu la seule chose la faisant tenir, ses amis. Pardon my french, mais on a eu envie de crier très très fort : « Mais putain, tire-toi une balle et qu’on en parle plus ! » Chez les britanniques toujours, on est allé voir Tamara Drewe de Stephen Frears hier. Un vaudeville lourd, grossier et grotesque qui contrairement au reste de la salle totalement hilare, ne nous a pas décroché un rictus. Enfin, le seul film où l’on n’a même pas réussi à aller au bout de la projection, R U There, du Néerlandais David Verbeek et son esthétique à la Second Life. Le pitch : un jeune homme joueur de Counter Strike professionnel part en compétition en Asie, assiste à un accident de voiture, est traumatisé et a mal à l’épaule… Entre réalité et monde virtuel, il va faire la connaissance d’une jeune masseuse qui si elle s’offre à lui sous sa forme d’avatar, ne le calcule pas dans le monde réel.