Woody Allen retrouve la force de ses meilleurs films ! Ici Paris n’est pas interchangeable. La ville parée du premier rôle révèle tous ces charmes, son histoire, ses artistes…et sa pluie.
Un film en hommage à Paris
Il ne manque – et encore! – qu’une voix off pleine de tendresse pour Paris sur la séquence d’ouverture du film, pour que Minuit à Paris ne s’ouvre de la même façon que Manhattan s’ouvrait sur New York. Et de la même façon que le New York décrit dans ses films n’est jamais réaliste, le Paris ici présenté est un poème, un rêve romantique qui permet de ne voir la ville qu’à travers ses plus belles périodes, et ses plus beaux côtés… Ce film qu’un
réalisateur français n’aurait peut-être pas osé faire (encore aurait-il fallu qu’il en ait le talent), Woody Allen l’a fait et on ne peut qu’être fiers de l’honneur qu’il rend ici à la capitale.
Grâce à une astuce simple, mais dans laquelle on se laisse emporter avec légèreté (nous sommes dans un conte de fées, et il n’est pas question de bouder notre plaisir en cherchant de la crédibilité!) il se promène dans le Paris de (son) âge d’or et rencontre les plus grands artistes de cette époque, offrant des rôles uniques et inoubliables à des acteurs qui n’en demandaient pas tant (Adrian Brody en Dali remporte sans doute la palme de l’interprétation la plus hallucinée du film!), et prennent un plaisir très communicatif à interpréter leurs personnages.
Un schéma scénaristique classique, mais subtilement renouvelé.
Owen Wilson interprète le personnage principal tel que Woody Allen l’aurait interprété il y a quelques années, et son mimétisme, tant gestuel que vocal, rend son personnage aussi attachant que ceux des plus grands Allen des années 70. Son histoire d’amour avec une autre femme que sa fiancée, classique parmi les classiques, arrive ici à être originale, de par le surréalisme, et la poésie de cette histoire d’amour. Woody Allen retrouve la force et la verve de ses meilleurs films : la mort, la recherche de sa propre valeur et de sa place dans la société, la jalousie, entre autres sont ici traités avec envie et inspiration (l’avis d’Hemingway sur la peur de mourir!).
Ce film est aussi le premier depuis un moment qui ne soit ni noir, ni cynique, mais simplement léger et ouvert à tous les plaisirs. Chaque personnage est un tourbillon qui emporte un peu plus le spectateur, et Woody Allen se permet meme de disperser de magnifiques comédiens français dans des petits rôles qui sont les dernières touches à un film dont on peut imaginer facilement qu’il en a lui-même rêvé depuis bien longtemps.
Il serait dommage de ne s’arrêter qu’au fait que la première dame de France participe au film (dans un rôle mineur où son interprétation n’a pas à être davantage que suffisante) et mettre de côté le charme rare de ce film qui part à l’opposé des avancées technologiques les plus modernes (3D…). Allen prend le temps, dans une mise en scène classique et humble, de se laisser aller à retourner dans un passé qui lui permet de donner parole aux plus grands génies du siècle dernier et de retrouver son meilleur cinéma.