Je pense que vous avez tous entendu parler de l’excellent documentaire Le monde selon Monsanto, critique virulente de la domination chimique, surtout le round up, dans l’agriculture industrialisée, les semences et les pesticides. Marie Monique Robin -MMR- est de retour avec son nouveau documentaire, Notre poison quotidien, aussi sous forme de livre, diffusé mardi 15 sur Arte.
La réalisatrice cherche, creuse, farfouille, dérange, bouscule… Elle analyse les effets sur la santé des agriculteurs et des consommateurs de certains produits chimiques qui pullulent dans notre alimentation, quotidienne…
Cour de toxicologie
Le documentaire aborde un thème peu commun, celui des effets sanitaires des pesticides sur ceux qui les manipulent tous les jours, avec équipements spécialisés dans certains pays ou un bandana merdique pour masque dans d’autres. L’entrée en matière est triste et se veut choquante ; comme un cri d’alarme.
Des agriculteurs reconnus victimes d’intoxication aigüe aux pesticides et inaptes au travail sont interviewés. Ils sont jeunes, mais souffrent de lésions neurologiques, de la maladie de Parkinson et de leucémie. Selon les recherches citées, 3 à 4 millions de personnes seraient contaminées chaque année et 200 000 personnes meurent suite à d’une exposition prolongée aux pesticides, fongicides et insecticides. Cependant, le centre international du cancer de l’OMS persiste à clamer que le lien entre cancer et pesticides ne repose sur aucun résultat scientifique.
Pour MMR, les agriculteurs ont cru au miracle agricole des années 1960, à la philosophie américaine selon laquelle les agriculteurs-sauveurs pourraient nourrir une planète a la population grandissante grâce à l’industrialisation des moyens de production. Un autre documentaire que je vous recommande sur le sujet est Le temps des grâces de Dominique Marchais.
Mais où est passé notre esprit critique, nos questionnements sur le rôle des agriculteurs, notre conscience de consommateur??? Ils ont été tranquillement anesthésiés par les professionnels de la gestion du risque nous explique MMR.
Et nous alors ?
Est-ce qu’en mangeant 5 fruits et légumes par jours nous risquons plus de mourir de lésions au cerveau ou d’un cancer?
Des États-Unis à l’OMS et Genève, MMR tente de comprendre les contradictions et aberrations de l’histoire. Un retour en arrière sur le scandale de l’amiante l’amène à se demander si l’histoire n’est pas en train de se répéter avec l’aspartame (adeptes de coca light et sucrette Canderel attention à vos seins…).
Les normes alimentaires internationales sont fixées par un comité géré par l’OMS et la FAO, le GMPR, qui examine les données toxicologiques des pesticides et fixe leur limite acceptable en fonction du pire et à partir de données uniquement fournies par les industries. Ces données ainsi que leurs études ne sont pas publiques, propriété intellectuelle oblige…
Pour schématiser : ceux qui donnent les données, les industriels, ont créé un système leur permettant de camoufler les risques de leurs produits sur leurs destinataires, les consommateurs. Ce système a même survécu aux scandales de l’amiante et du tabac, tous deux classés sans risque pour la santé humaine pendant des années.
Au cours des interviews de chercheurs et scientifiques engagés, la sentence s’éclaircit : le danger pour les consommateurs est réel à partir de certaines doses. Le problème est qu’il est difficile de fixer ces doses… d’autant plus que les recherches se sont focalisées sur un pesticide à la fois, or très souvent c’est combiné que les substances chimiques peuvent avoir un effet nocif.
De nombreuses projections – débat vont avoir lieu dans toute la France et je vous conseille vivement d’y aller. Sinon vous pouvez regarder le documentaire sur arte.fr pendant une semaine. Il faut parler de ce documentaire, s’AGITER afin d’amener les dirigeants à infléchir leur position et briser un silence pour le moins confortable.