Impossible de ne pas l’avoir vu, entendu, lu, remarqué : on célèbre aujourd’hui la 100e édition de la journée de la femme. Excepté pour les candidats aux régionales, cette journée sert surtout à dresser un bilan de l’avancement de la condition féminine.
La misogynie survit très bien
En ces temps de modernité égalitariste, s’il faut fouiller dans les recoins de la loi pour trouver les dernières traces d’inégalités d’antan, dans la vie pas besoin de creuser très loin. Prenez la majorité des chômeurs, des smicards, des travailleurs à temps partiel, des titulaires de contrat à durée déterminée : vous trouverez les femmes.
Rajoutez un peu de violences conjugales, de discriminations sexistes et de tâches ménagères, vous les rencontrerez encore. Sans faire de « victimisation », sans tenir des propos alarmistes, l’analyse des chiffres atteste simplement que les inégalités perdurent et qu’il y a encore pas mal de boulot en perspective pour l’égalité des sexes.
La preuve, une enquête de l’INED (l’Institut National d’études démographiques), publiée en décembre, en avait d’ailleurs choqué plus d’un. L’enquête rapportait que 80 % des travaux de la maison (vaisselle, ménage, repassage) sont effectués par les femmes. En bonus: plus le couple est jeune, et plus il y a d’enfants dans le couple, plus le déséquilibre augmente.
Sans parler évidemment, de la misère et du désespoir de la majorité des femmes dans le monde, disons qu’en France ce n’est pas vraiment la révolution dans les foyers.
Qu’est-ce que le féminisme aujourd’hui ?
Si tout le monde convient que les femmes sont de droit égales des hommes et devraient l’être de fait, les féministes n’ont pas bonne presse. Décrédibilisées et ringardisées,trop occupées à décortiquer le concept de genre, à se battre contre le sexisme dans la publicité, engluées dans des débats parfois stériles, les Chiennes de gardes, Ni putes ni soumises, Osez le féminisme, le Mouvement de libération des femmes sont autant d’associations qui ne trouvent plus d’écho, surtout chez les jeunes.
Image castratrice des femmes qui « fragilisent les hommes », les transforment en « objet » la vision parfois étroite véhiculée par ce type de mouvement en a refroidi plus d’une, car elle n’est pas exactement l’idée qu’on se fait d’un mode de vie démocratique et tolérant. Ainsi, aujourd’hui, beaucoup de confusions et d’amalgames sont faits sur la notion de féminisme.
Sur Canal+, le nouveau truc génial c’est le concept zéro homme : on a décidé de bannir totalement les hommes du Grand Journal. Au gouvernement, on aura aussi le droit au déjeuner des femmes, la photo des femmes du 7e avec Rachida Dati, une rencontre femmes à femmes à Lille de Martine Aubry. Alors c’est ça le féminisme ? Liquider les hommes ? C’est sûr qu’il y aurait beaucoup moins de concurrence !
Féminisme et génération Y
Des livres, des manifestes bruyants et un relais hégémonique, obsédant, dans les médias font qu’aujourd’hui on a du mal à s’assumer féministe. Car le féminisme sert peut être toujours à désigner l’autre, l’autre sexe, qu’il soit homme ou femme, comme étant susceptible d’abolir. Mais le fondement en reste commun, l’existence d’une domination masculine qui « inscrit dans la définition de l’être humain des propriétés historiques de l’homme viril, construit en opposition avec les femmes » (Pierre Bourdieu).
Si les jeunes femmes veulent à tout prix éviter de sombrer dans un réquisitoire moral et puritain, évitons tout de même d’oublier que le féminisme par ses combats a jeté les bases d’un changement social important, avec plus de justice, plus d’égalité. Celles qui ont mené et gagné la bataille du choix de donner la vie (contraception et avortement), celles qui ont dissocié l’acte de procréation et d’amour.
Et si, on mettait de côté l’accusation globale de ségrégation, et de guerre des sexes. Et si on affirmait, que contrairement aux féministes Outre-Atlantique, les françaises n’ont jamais voulu exclure ou bannir les hommes. Et si on pensait un projet de société essentiellement mixte, dans lequel les hommes verraient leur libération à travers la notre ?