Petits bonheurs et grandes oppositions qui ont marqués les cohabitations

À peine formé le gouvernement pourrait bien être remanié dans un mois, après les législatives. Si l’Assemblée Nationale vire au bleu, on se retrouverait dans une situation de cohabitation, ce que la France a déjà connu à trois reprises. En 53 ans de 5ème République, la France a cumulé huit ans de cohabitation pendant lesquels le Président et le Premier Ministre étaient politiquement opposés. De ces trois périodes, on retient forcément l’effacement forcé du Président au profit du gouvernement ainsi que toutes les tensions au sein de l’exécutif qui ont pu en découler.

1986 – 1988 Mitterrand – Chirac : l’hyperconflit

Les refus

- Mitterrand refuse dès la sortie du premier conseil des ministres de poser avec le nouveau gouvernement sur la traditionnelle « photo de famille ». - Il refuse de signer les ordonnances ministérielles sur les privatisations, le découpage électoral et le temps de travail.

Les crasses

- Mitterrand critique publiquement Chirac. Il se déclare « d’accord » et « sur la même longueur d’onde » avec les opposants au gouvernement. - Au sommet de Tokyo en 1986, Chirac s’impose au dîner des chefs de délagations à la place de Mitterand absent. - Le débat de l’entre-deux tours de 1988 illustre parfaitement ces deux années de conflits d’ego incessants qui se termineront par la fameuse réplique de Mitterrand lors du débat qui les opposent : JC _ « Permettez-moi juste de vous dire que ce soir,  je ne suis pas le Premier Ministre et vous n’êtes pas le Président de la République. Nous sommes deux candidats, à égalité, et qui se soumettent au jugement des Français. Vous me permettrez donc de vous appelez Monsieur Mitterrand » FM_ « Mais tout à fait raison Monsieur le Premier Ministre ».

1993 – 1995 Mitterand – Balladur : la cohabitation de velours

Le charme

- Le soir de la nomination de Balladur, Mitterand lui dit : « Sans la politique, nous aurions pu être amis ». - Balladur affirme après coup qu’il a accompli ce qu’il voulait faire et que Chirac était plus encombrant que Mitterrand pendant ces deux ans.

L’unité

- Mitterand ne s’oppose pas aux réformes de Balladur sur l’éducation nationale et va même jusqu’à soutenir Balladur lors de l’abandon de la loi Falloux. - Balladur se rallie à Mitterand sur la question de l’intervention au Rwanda, l’opération turquoise pour protéger les populations menacées par le génocide.

1997 – 2002  Chirac Jospin : la claque du RPR

La bataille du leadership

- Un mois après l’arrivée de Jospin à Matignon, Chirac précise que la Constitution donne « un peu » le dernier mot au Président de la Rébublique. - Deux jours plus tard, Jospin corrige Chirac et annonce « qu’il n’y a pas de domaine de la politique française où le Président aurait le dernier mot ».

La fin des septennats

- Après cinq ans pendant lesquels il ne s’est pas passé grand chose, Chirac calque le calendrier des législatives sur celui des présidentielles pour éviter les cohabitations à répétition. Et Jospin en paye les frais le premier.

2012 – 2017 : Hollande – Copé ?

Cette année, si la gauche remporte les législatives et avec 21 régions, la majorité des départements et des grandes villes, elle se retrouvera dans une situation de pouvoir inédite (Régions-Assemblée-Sénat-Gouvernement). A droite, bien obligé d’en appeller au « 3ème tour » et de tout miser sur la peur d’un « État tout socialiste ». Mais problème. Copé, qui se voit déjà Président en 2017,  ne veut pas du job de Premier Ministre. Cela pourrait éventuellement le carboniser pour la suite.  En tant que Premier Ministre d’un président socialiste, il n’aurait pas assez de pouvoir pour agir pleinement mais pourrait payer les échecs du quinquennat. L’expérience montre en effet, qu’à chaque sortie de cohabitation, le premier ministre en poste a perdu l’élection. Pour la droite, l’enjeu sera donc de perdre sans trop de carnage, pour mieux remporter les municipales de 2014 et les présidentielles de 2017.

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