Le rock Indé s’éteint avec cette décennie toute neuve. Il se relèvera sans doute un jour, mais aujourd’hui il sombre dans ses propres défauts, embourbé dans une grandiloquence poussive et dévasté par la perte de l’innocence. Pourtant, au dessus du bourbier Other Lives marche sur l’eau. Porté par l’énergie du désespoir ou par une foi aveugle, le groupe échappe à l’agonie et parvient même au détour d’une mélodie à ressusciter les morts.
Le disque tout entier étonne par sa cohérence, aucun morceau ne s’égare loin du périmètre modeste, mais dense, tracé pour lui. Le groupe évite les bifurcations maladroites vers des styles musicaux voisins et autres références aux racines du mouvement Indé qui depuis quelque temps vérolent les albums de leurs collègues (preuve de l’impasse dans laquelle s’enfoncent ces derniers).
Other lives trouve un souffle qui lui permet de déposer quelques belles chansons au creux de nos oreilles. Entre couplets murmurés et refrains éclatants, une intensité timide se dégage. Les épopées traditionnelles sont adoucies par un brin de mélancolie, la force contenue se cristallise et se tend sans jamais exploser tout à fait. L’instrumentation, bien équilibrée, ne laisse rien de coté et dévoile des égos simples qui s’effacent sans broncher au profit d‘arrangements soignés et faits maison.
Un joli disque en somme qui réanime les souvenirs d’un mouvement qui s’effondre.