Rétroaction 18 : Les Alchimistes

Pour ceux qui auraient suivis les derniers épisodes, nous progressons ensemble depuis quelques articles déjà en plein cœur des années 1970. Petit à petit, les années défilent, nous rapprochant toujours un peu plus de la date fatidique.
Du ragoût glam/rock progressif/krautrock dans lequel macère cette première moitié de décennie, commence à émerger une nouvelle forme de rock, encore jamais connue avant. The Doctors Of Madness sort en 1976 leur premier album : Late Night Movies, All Night Brainstorms, l’incarnation d’un rock en pleine métamorphose avant l’éclosion qui changera tout.
Mené par Kid Strange, Doctors Of Madness oscille entre grosse nappes progressives pinkfloydesques et saillies aux rythmiques plus crues et saturées. Héritier du Glam finissant (Roxy Music), du rock progressif européen (Emerson, Lake&Palmer ; CAN) et des groupes de rock plus pêchus des Amériques (MC5), Doctors Of Madness est communément qualifié de groupe : « protopunk ». C’est bien regrettable et certainement mensonger, car Doctors Of Madness n’a rien d’un prototype ou d’une version non-aboutie du punk-rock, c’est au contraire l’alliage parfait des plus grandes mouvances musicales d’une époque, l’accomplissement d’une première décennie de rock particulièrement productive, au quatre coins du monde occidental, Europe/Angleterre/Amérique, passée à l’alambic, distillée, précipitée, pour obtenir une toute nouvelle forme de rock, ouvrant sur une nouvelle ère. Comme une chienne mourante après avoir mis bas, Doctors Of Madness sonne le tocsin sur les années 1960, époque de liberté et de révolution qui a laissé peu à peu place à la désillusion et aux espoirs brisés. Malgré des mélodies chantantes et des instrumentations efficaces, les voix aux accents anglais des bas quartiers de Brixton et les violons électriques d’Urban Blitz, tantôt stridents, tantôt chuintants laissent glisser sur l’album un voile de mélancolie, une déception prompte à se changer en rage. Un an plus tard…