Sortir à Paris 27 : pampilles fauvistes

Chaque semaine, Math B vous propose son carnet de sorties sur Paris. Au programme de cette semaine : brasserie conviviale, trésors vintage et l’expo Van Dongen au Musée d’Art Moderne…

BAR-RESTO : LA COMÈTE

Cette semaine, je vous propose un petit bar-brasserie près des Grands Boulevards. Dans ce quartier, il est difficile de trouver des endroits sympas avec un bon rapport qualité/prix. La Comète, située sur la rue du Faubourg Montmartre ne paye pas de mine de l’extérieur et ne se démarque pas des autres bistrots, et pourtant c’est l’une des rares adresses du coin qui offre un cadre agréable. Une fois le seuil de la porte franchi, vous découvrez au centre de la salle un bar rouge en forme d’étoile filante, et des petites tables disposées le long des façades avec banquettes. À la carte, des menus simples types bistrot : tartare, hamburger, travers de porc, hachis parmentier, faux filet, poisson du jour, etc.. En cuisine, la petite touche d’originalité est souvent tentée et permet de redécouvrir un plat traditionnel autrement. Leurs desserts sont également des petits plaisirs pour tout gourmand qui se respecte ! J’ai craqué pour un fromage blanc avec fruits rouges et quelques émiettés de crumble. Tout est fait maison et avec les produits de saison. Les plats du jour varient régulièrement, l’ardoise donne toujours envie. Quelques tapas sont servies en happy hours et soirées. L’ambiance est conviviale, l’accueil chaleureux et le service rapide. C’est typiquement le lieu que l’on apprécie pour une pause déjeuner ou pour prendre un petit apéro entre amis. Avec les beaux jours, la terrasse peut être agréable quand le trafic est calme. À tester si vous aimez les choses simples sans chichis.

BOUTIQUE : RICKSHAW

Je vous propose de chiner cette semaine dans un univers peu familier. Dans le quartier d’Etienne Marcel, dans l’un des passages les plus beaux de Paris, une petite enseigne déco-vintage propose à tous les amoureux de l’Inde divers objets authentiques pour la plupart anciens. Rickshaw (tricycle en indien) se décline en deux boutiques qui se font face. L’une est dédiée aux textiles. Vous y trouverez soieries, rideaux, coussins, jetées de lits aux couleurs vives et même des saris brodés de pampilles…De quoi transformer votre petit nid douillet en repaire bollywoodien. La seconde boutique est plus « accessible » et propose à la vente des objets chinés à travers l’Inde allant de la petite vaisselle aux buffets traditionnels sans oublier miroirs, plaques publicitaires, lanternes, boutons de poignées en faïences, etc…Les prix sont un peu élevés, mais en fouillant dans ce grand bazar, il n’est pas rare de trouver la petite perle… Et si vous ne craquez pas, la simple visite de ces boutiques vous offrira un petit moment d’évasion.

EXPO : VAN DONGEN

Cette semaine, je vous propose de découvrir l’œuvre de l’artiste Van Dongen. Le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris propose un nouveau regard sur cet artiste énigmatique. L’exposition témoigne de la carrière fulgurante et déroutante de Kess Van Dongen (1877-1968) qui trouva la reconnaissance artistique dans le Paris des années 20. D’origine hollandaise, Kess Van Dongen débarque à Paris en 1897. Proche de la mouvance anarchique parisienne, sa première exposition remporte un véritable succès. Ses œuvres sur Paris traduisent une immédiateté du geste et une gestion des couleurs pures. De retour à Rotterdam en 1898, l’artiste s’adonne à sa première activité de dessinateur et s’inspire des quotidiens parisiens. Entre dénonciation et caricature, il croque des scènes de la vie quotidienne dans un des quartiers chauds de la ville. Dans ses dessins, Van Dongen explore la couleur et la maitrise de la lumière. Sa façon de peindre change à partir de 1905 où il reprend la technique des néo-impressionnistes hérité de Paul Signac. Son installation au Bateau-Lavoir de Montmartre, et son amitié avec des fauves (Matisse, Derain..) lui vaut d’être associé très rapidement au fauvisme. Son succès est aussi immédiat, il représente le lien entre les fauves et les expressionnistes allemands. En 1910, l’Espagne et particulièrement l’Andalousie devient sa nouvelle source d’inspiration. Pendant cette période, Van Dongen peint plusieurs portraits de femmes dans lesquels il porte une attention particulière aux tissus, aux poses, et aux mouvements de danse. J’ai particulièrement aimé ces toiles où se concentre l’exotisme de ses femmes. Le soucis du détail souligne leurs bijoux, leurs khôl, et leurs châles. Ces œuvres ont des couleurs très vives et pleines de sensualité. Il agit comme un artificier du fauvisme. Son retour à Paris l’entraine dans le quartier de Montparnasse, rendez-vous cosmopolite à l’époque des avant-gardes dont il est un des principaux animateurs. Ces rapports le poussent dans la vie mondaine parisienne. Son atelier Villa Saïd devient un lieu d’expositions et de réceptions. Van Dongen anima chez lui plusieurs bals à caractère non conventionnel. Les œuvres de cette période témoignent du faste des années folles, à la veille de la Première Guerre Mondiale. Cette période m’a également marquée. Les couleurs sont parfaitement maitrisées et « baladées » sur toute la toile. Le succès de Van Dongen est constant et s’affirme de plus en plus. Ses toiles sont de plus en plus modernes, et non plus classées dans un mouvement. L’artiste affirme son indépendance et sa liberté qui le pousse à la provocation. Ses œuvres sont de plus en plus jugées comme scandaleuses à la fin des années 20. Dans les années 30, sa carrière marque un tournant. Le départ de sa femme entraine l’artiste dans une crise économique. Cette exposition est très agréable, elle présente un choix de toiles resserré qui permet de mettre en lumière le génie audacieux de la couleur. Le parcours chronologique permet au visiteur de comprendre la complexité de l’œuvre et la modernité du peintre néerlandais. Cette exposition se démarque de la tendance rétrospective. A découvrir…