Directement hissé au 1er rang du box office aux Etats Unis, World Invasion : Battle Los Angeles est annoncé comme le blockuster de science fiction du premier trimestre 2011.
Critiques presses et spectateurs plutôt positives, Aaron Eckhart (superbe Harvey Dent/Double Face dans le dernier Batman) en tête d’affiche, promo du film axée sur une mise en scène au style documentaire/reportage musclé. Bref, autant d’arguments qui laissaient présager mieux que le ratage total d’un film au patriotisme consternant et révoltant.
L’histoire tient dans le titre. Le monde est envahi par une armée extra-terrestre. Le sergent Michael Nantz du corps des Marines est chargé, avec l’aide de son unité, de récupérer des civils au cœur d’un Los Angeles dévasté par des sales bestiaux moitié mécaniques, moitié organiques.
Plus cliché tu meurs
Le concept de l’invasion extraterrestre filmé de manière ultra réaliste et en immersion totale fonctionnait plutôt bien dans District 9 (2009) et encore mieux dans le drame de science-fiction intimiste Monsters (2010). Nous étions donc en droit d’attendre autre chose qu’un film d’action décérébré qui passe son temps à vanter le mérite, le courage et le dévouement du code de conduite du parfait Marines.
Alors peut-être vaut-il mieux chercher du côté du divertissement ? Même pas. Très vite le spectateur est lassé et gavé par des mouvements incessants de caméras au milieu d’un champ de bataille 3D qui raviront les fans de Call of Duty. Légumisé, un relent de réflexion vous frappe brutalement au milieu du film : le titre n’est-il pas « Battle Los Angeles » ? La ville en question n’est absolument jamais exploitée et la promesse induite de voir Walk of Fame, le panneau Hollywood ou les célèbres rues bordées de palmiers dévastés par l’attaque s’envole dans un ennui profond.
Tous les clichés du film de guerre pathétique sont magistralement compilés en 2 h. Une musique lourde vient enfoncer le clou. Les comédiens inexistants ne peuvent pas rivaliser avec le manichéisme idiot de leurs personnages. Les Marines sont les gentils, les extra terrestres sont les méchants et les civils (à part moi) sont tous des braves gens courageux et prêts à mourir pour protéger son prochain. Un enfant soulèvera, comme ça l’air de rien, l’idée que ces créatures pourraient avoir des revendications ou des raisons à vouloir nous exterminer. Malheureux ! La diplomatie est faite pour les enfants naïfs ou les faibles. D’ailleurs son père se fera tuer quelques minutes après. Bien fait.
Un divertissement dangereusement pro militaire
Independance Day de Michael Bay, le maitre du film de destruction massive « fun » (Transformers 1, 2, 3…) avait le mérite de proposer un film de divertissement pop corn sans se prendre trop au sérieux et avec un certain sens du second degré propre à tous les Michael Bay. Jonathan Liebesman a le mauvais goût de réaliser un film de destruction massive trop premier degré et baigné d’une idéologie patriotique omniprésente.
Les valeurs de liberté, de courage et de sacrifice de ces soldats sont tellement mises en avant à la truelle qu’on peut se demander si la réelle vocation du film ne serait pas plutôt de redorer le blason d’une armée à l’image salement amochée ces dernières années (Guerre en Irak, Camp de Guantanamo…). En ces temps conflictuels, il est important de faire savoir à son peuple, qu’en cas de menaces extérieures, l’ensemble des corps armés des États-Unis d’Amérique vous protégera vous et votre famille. Le sergent Michael Nantz ne manquera pas de saluer militairement un jeune enfant comme le soldat le plus courageux qu’il a jamais connu.
World Invasion : Battle Los Angeles est un film de propagande pro US méprisable, dans le sens où il dissimule derrière l’étiquette de divertissement grand public, la vision embellie d’une armée comme un système de défense à l’épreuve de tout à une époque où la confiance est au plus bas. Remplacez une seconde ces créatures métalliques qui ne saignent pas par des humains en chair et en os. Vous obtiendrez un film de carnage ultra sanglant et barbare interdit au moins de 16 ans. Or quand la nation à un message à faire passer, quelque soit le média utilisé, elle doit toucher petits et grands.